Après un vol sans histoire, j’arrive à Gondar. Je n’ai évidemment rien réservé, on verra bien comment ça se présente. A l’aéroport, je fais la connaissance de deux photographes italiens avec qui je partage un taxi. Ils ont une adresse d’hôtel, ça tombe, je n’en ai pas. Chambre pour le soir, ça c’est fait. Je peux maintenant faire le tour des agences de trekking pour organiser mon tour dans le parc national des monts Simien. La 1e que je trouve me satisfait, 5 jours, 4 nuits et pas d’autres touristes dans le groupe (j’ai spécifiquement demandé un guide en bonne forme physique pour pouvoir aller vite). Groupe tout de même assez conséquent: 1 guide, 1 scout, 1 cuisinier, 1 assistant cuisinier et 2 muletiers. Tout ce personnel pour moi, je ne suis pas fan mais impossible de faire autrement, ce sera rando en mode grand confort. Maintenant que les formalités sont réglées, je peux partir visiter l’attraction de Gondar, son château fort médiéval absolument magnifique.
Le soir, je m’accorde un bon gros hamburger. Mauvaise idée, je suis malade toute la nuit, problème digestif et problème de souffle. Je marche 5 mètres pour aller à la salle de bains et je suis essoufflé. Ca s’annonce bien pour demain, altitude de départ 3600m et j’ai bien dit que je voulais marcher vite. Je dors à peine 2 heures.
Le lendemain, je me sens un peu mieux mais ce n’est pas non plus la grande forme. Après 3h de trajet, on commence à marcher, la vue est splendide, la forme un peu moins.
En chemin, on croise une des très nombreuses colonies de babouins qui peuplent le parc.
On arrive au campement en milieu d’après-midi. Les tentes sont montés et le goûter est prêt: grand luxe. Même si j’ai du mal à avancer, le guide m’affirme qu’on est allé vite. En début de soirée, on part à un point de vue à une vingtaine de minutes du campement pour admirer le coucher du soleil. Moment absolument magique.
Le soir, je prends un repas normal. Mauvaise idée, je suis malade toute la nuit. Assez ironiquement, alors que je travaille pour MSF, je suis parti sans aucun médicament. Le matin, je ne peux même pas avaler un verre d’eau sans passer par la case toilettes dans les 5 minutes. Voyant ça, le guide me propose de rester ici pour la journée afin que je récupère. Quelle drôle d’idée !!! Je suis venu pour marcher, tant que je peux avancer, on avancera. C’est parti, l’estomac léger, sous un beau soleil. Les vues sont splendides.
La montée à 4000 mètres sans acclimatation et l’estomac vide est un peu difficile mais je m’accroche.
On finit par arriver au bivouac situé à 3600 mètres d’altitude. Je bois une tasse de thé vers 5h et mon estomac a l'air de coopérer cette fois-ci. Il semblerait que mes problèmes soient de l’histoire ancienne et le soir, j’arrive à m’alimenter normalement.
Petit point de vue sympa.
Voyant que ça va mieux, je propose au guide de changer le programme et de monter au point culminant d’Ethiopie, le Ras Dashen. Ce changement implique beaucoup plus de dénivelé, ça tombe bien, je suis venu pour ça.
Le lendemain, on s’échauffe avec une petite montée à 4300 mètres, suivi d’une longue descente jusqu’à la rivière 1500 mètres plus bas. On en profite pour voir des bouquetins Walia, espèce endémique et en danger d’extinction.
La descente se fait en marche rapide, dommage, j’aurais bien couru un peu. On pique-nique à la rivière avant de remonter vers le bivouac situé à 3200 mètres d’altitude. Comme on est allé assez vite (un peu trop pour le guide qui a les genoux en compote), les muletiers ne sont pas encore arrivés. Pour passer le temps, je pars faire un footing, direction le Ras Deshen. Je n’ai aucune idée du chemin à suivre mais j’ai juste envie de me dégourdir les jambes. Après 1h15 de montée, je décide de faire demi-tour et retourne au campement. Pas de doute, j’ai retrouvé des forces. Au programme du lendemain, l’ascension du Ras Deshen, 1300 mètres plus haut. En temps normal, le guide compte 10 à 11h aller et retour. Comme on avance bien, il estime à 7/8 h donc pas besoin de se lever aux aurores.
Le lendemain, départ vers 7h avec un temps superbe. La montée se fait sur un rythme tranquille (avec beaucoup trop de pauses à mon goût). J’ai bien fait de faire demi-tour la veille, je n’aurais jamais trouvé le chemin tout seul. Voilà, ça y est, on a atteint le point culminant d’Ethiopie (4543 mètres). Assez paradoxalement, la vue n'est pas très dégagée, beaucoup de pics aux alentours à peine moins hauts.
On fait la descente à un bon rythme, en prenant pas mal de raccourcis dans la pente. Après un peu plus de 5h, nous sommes de retour au bivouac. Le problème quand on va vite, c’est que la journée se termine trop tôt. Du coup, je me lance un petit challenge chronométrique : remonter au Ras Deshen en 2h15 et redescendre en 1h15. Je pars sur un bon rythme et ma vitesse ascensionnelle (600 mètres/heure) est conforme au plan. Malheureusement, sur la fin, je me trompe de chemin et perds de précieuses minutes. Je fais un croix sur mon objectif de 2h15 mais au plus je me rapproche du sommet, au plus je me rends compte que c’est encore jouable. Je mets un dernier coup de turbo en faisant quand même attention sur la fin car c’est de l’escalade (facile). J’arrive au sommet en 2’14:32. Objectif atteint. Comme j’ai bien poussé sur la fin, je m’accorde 4 minutes de pause avant de rentrer. Gros gros plaisir à la descente, avec une alternance de passages techniques et de passages roulants. Encore une fois, je suis limite niveau chrono mais j’atteins le bivouac en 1’14:42. 2e objectif atteint. 3h34 aller-retour tout compris, ça va, ma forme n’a pas complètement fondu sous le soleil de Juba. Une bien belle journée : 42 km et 2800 mètres de D+.
Le lendemain, il faut rentrer au bivouac d’il y a 2 jours, redescente à la rivière puis remontée à 4300 et redescente à 3600. Je paye mes efforts de la veille et suis beaucoup moins facile. Peu importe, je me suis bien fait plaisir les 2 jours précédents.
Le Ras Deshen se trouve dans le fond quelque part.
Vesr 14h, on rejoint le minivan qui va nous ramener, il n’y a plus qu’à attendre les muletiers qui sont derrière. Retour sans histoire à Gondar où je retourne dans le même hôtel et mange le même hamburger (sans conséquence cette fois-ci). Le lendemain, je redécolle pour Addis où je retrouve Paul, que j’avais rencontré à Lalibela. Ses parents y habitent et il avait très généreusement proposé de m’héberger. Ça tombait plutôt pas mal, vu que je n’avais rien réservé. Le soir, on part faire le tour de la ville à la recherche de cartes postales. On finira par en trouver au Hilton, un seul modèle disponible, je l’achète 18 fois. On part ensuite manger koréen, histoire de changer un peu. Le lendemain matin, Paul et sa mère m’accompagnent en voiture à l’aéroport.
Au final, 9 jours absolument magiques en Ethiopie, à courir dans la montagne, profiter de paysages splendides, un très bon break avant de retrouver Juba pour les 3 derniers mois de ma mission.