lundi 30 avril 2012

Népal : Langtang

Après 2 jours de repos à Pokhara, je reprends le bus pour Kathmandu où j'arrive en fin de journée. Pour la suite, je me suis prévu l'enchaînement Helambu trek, Langtang trek et Tamang Heritage trek, ce qui devrait m'occuper une dizaine de jours.

1e jour: Sundarijal (1300m) - Pati Bhanjyang (1764m)

Le lendemain matin, je vais acheter mes permis de trekking et prend ensuite le bus pour Sundarijal, point de départ de l'Helambu trek. J'ai le temps de marcher un peu dans l'après-midi et arriver à Pati Bhanjyang.

2e jour: Pati Bhanjyang - Phedi (3800 environ)

Aujourd'hui, je me suis prévu un gros programme. Monter le plus haut possible pour me rapprocher du point culminant du trek, le col de Laurebina qui culmine à 4610 mètres. Le temps est au beau fixe et la température est idéale. Le chemin suit plus ou moins la crête. Je croise beaucoup de pistes (quand je ne marche dessus).


Même si les paysages ne sont pas exceptionnels, le chemin a du charme, notamment quand les arbres sont en fleurs.


Je ne fait quasiment que monter mais ça va, je me sens en forme. Ca tombe bien parce que j'ai décidé de faire ce trek en mode entrainement, c'est à dire marcher un maximum chaque jour histoire de retrouver la forme. La fin de la journée est difficile. Je pensais être presque arrivé en atteignant une arête mais Phedi se trouve encore à plus de 2h de marche loin au fond de la vallée. J'y arrive finalement au bout de 10 heures de marche.

3e jour: Phedi - Rimche

Aujourd'hui, un col à plus de 4000 au programme. Je démarre lentement la montée. Il ne fait plus très chaud et je n'ai pas trop la patate. J'atteinds le col perché à 4610 mètres en plus de 2 heures et attaque la  descente avec des jolis paysages.


Après une longue descente en courant (2h), j'arrive à Thulo Shyaphru pour la pause déjeuner. J'attaque maintenant le trek du Langtang, longue vallée accessible uniquement à pied. Je reprends mon chemin et commence la remontée de la vallée. Encouragé comme d'habitude par les "not possible" des locaux, j'arrive en fin de journée à Rimche après une dizaine d'heures de marche/course. Je me sens mieux en fin de journée, je pense que j'étais montée trop vite le matin et la veille, ce qui explique mon passage à vide du matin.

4e jour: Phedi - Kyanjin Gumba (3800m)

Après une bonne nuit de 12h, je me mets tranquillement en route pour la dernière portion de montée jusqu'à Kyanjin Gumba. Le repos m'a remis sur pied, j'ai la patate. Et ce d'autant plus que j'aperçois à nouveau les premiers sommets enneigés.


En chemin, je croise un nouveau type de moulin à prières. Le problème du modèle traditionnel, c'est qu'il faut le tourner à la main. Avec le moulin à prières à entrainement hydraulique, le problème est réglé.


L'arrivée au village ne manque pas de me surprendre. A 2 jours de marche de la première piste, je pensais tomber sur un petit hameau mais le village est en fait assez grand. Le temps est magnifique et la vue sur le Langtang Lirung (7227m) est magnifique (c'est le sommet enneigé à gauche).


Je suis maintenant arrivé au dernier village de la vallée où je vais rester quelques jours et faire des excursions à la journée.

5e jour: Kyanjin Gumba

Au programme aujourd'hui, l'ascension du Tserko Ri qui culmine à 4984 mètres (moins que rien). Comme prévu, je fais la montée au pas de course (sommet atteint en moins de 2h pour 5 à 6 heures annoncées par l'aubergiste). Les paysages sont magnifiques.


La fin dans la neige est un peu délicate. Et hop un (presque) 5000 en short.


La vue à 360° au sommet est absolument magnifique.


Je me fais la descente en courant et suis de retour au village en 3h, pile poil pour le déjeuner, ce qui ne manque pas de surprendre l'aubergiste. Après un bon repas, je décide de me faire un petit décrassage en montant au stupa qui domine le village. Suite à une incompréhension avec l'aubergiste, je prends le mauvais chemin.


Cela dit, c'est joli quand même. Je redescend le long de la crête.


Je passe par le Kyangin Ri (4773m).


J'arrive finalement à mon point de vue sous la neige qui commence à tomber. Ya plus qu'à redescendre au village maintenant.


6e jour: Kyanjin Gompa

Journée tranquille au programme aujourd'hui. Je vais remonter la vallée le long de la rivière. Comme d'habitude, le temps est dégagé le matin.


Je suis de retour au village après 5h de marche bien pépère. Je décide de repartir pour un petit bout en direction du camp de base du Langtang Lirung histoire d'occuper ma fin d'après-midi.
Belle vue du Kyanjin Ri (à gauche) et du point de vue (à droite) où j'étais monté la veille.


Je redescends tout droit à travers les rochers et les broussailles, un vrai régal.
Belle vue sur Kyanjin Gompa éclairé par le soleil couchant.


7e jour: Kyanjin Gompa - Briddhim

Aujourd'hui, j'attaque la redescente de la vallée. Je fais une petite pause en chemin histoire de ...


Passée cette pause ultra revigorante, je me remets en route. Je suis maintenant sur l'autre versant de la vallée.
Thulo Shyaphru où j'avais fait une pause déjeuner quelques jours plus tôt.


En redescendant, je retrouve les typiques paysages de terrasses.


J'arrive à Briddhim en fin de journée après une petite journée (7h de marche).

8e jour: Briddhim - Tatopani

Sous un grand soleil matinal, je termine la descente jusqu'à la rivière. Par curiosité, je choisis de remonter la vallée pour aller voir la frontière tibéto sino-népalaise. Soyons honnêtes ça ne casse pas cinq pattes à une tarentule. Les montagnes tibétaines ressemblent on ne peut plus à celles du Népal.


Forcément une fois qu'on est au fond de la vallée, maintenant il faut remonter. Après 2h30 de montée bien raide, j'arrive à Thuman pour une petite pause thé avant d'attaquer le col du jour. La montée vers le col se révèle être plus longue que prévue (re 2h) avec notamment deux belles fausses joies (ça y est, j'y suis ... ou pas). De là, je redescends sur Tatopani, qui, comme vous le savez maintenant, signifie "eau chaude" en népalais. J'ai donc le plaisir de reprendre un bon bain chaud même si la couleur de l'eau est un peu douteuse.
Tatopani avec le Mont Blanc en arrière plan.


9e jour: Tatopani - Dhunche

Au petit déjeuner, je reçois une bonne nouvelle de France avec le résultat des élections présidentielles. Je ne sais pas comment le groupe de français à côté de moi a reçu l'info mais il n'a pas fallu bien longtemps pour que j'apprenne la nouvelle. Aujourd'hui, pour ce qui devrait être mon dernier jour de trek au Népal, je prends mon temps et profite du moment.
Encore et toujours des terrasses.


Je me pose à Gatlang pour le déjeuner.


De là, je décide de partir en mode freestyle. Depuis Gatlang, je repère de loin un petit chemin qui mène au col de Balbuto mais impossible de trouver le départ de ce chemin depuis la piste. Du coup, je monte tout droit en espérant tomber dessus à un moment donné. Après une vingtaine de minutes, je finis par le croiser et termine l'ascension au col en suivant avec pas mal de difficultés le chemin. N'étant pas très marqué (doux euphémisme), je le perds plusieurs fois mais je finis par déboucher sur l'arête pour découvrir une belle piste tout neuve un peu plus loin qui n'apparait pas sur ma carte.


Pour l'instant, je ne suis pas dans le bon vallon, je dois passer de l'autre côté de l'arête en haut à gauche sur la photo précédente. Je descends à la piste, la suis un moment et tombe sur une népalaise qui m'indique le chemin pour atteindre l'arête (ma carte au 125 000 ne m'aidant guère). N'étant pas franchement emballé par ses indications, je décide de suivre mon instinct et je prends un autre chemin. Bonne inspiration, je finis par déboucher sur le bon vallon.
A droite, le village de Nesing par lequel je dois passer avant de descendre la vallée pour remonter à Dhunche (à gauche sur la photo).


J'arrive rapidement à Nesing. Plus qu'à aller de l'autre côté maintenant.


J'estime le temps restant à 30 minutes de descente et 1h de montée, ce qui se révèlera un poil optimiste. L'après-midi étant déjà bien avancée, je descends au pas de course à la rivière, ce qui me prend quand même 1h10. Plus qu'à remonter maintenant. La montée est aussi raide que la descente ne l'était, un bel exercice de renforcement musculaire. Etant dans la forêt, je ne peux pas voir la route au dessus. La nuit tombe rapidement. Là où c'est rigolo, c'est que je suis sur un chemin non marqué sur ma carte, seul, avec aucune idée de la distance à parcourir. La seule information valable dont je dispose, c'est qu'il faut monter et qu'à un moment donné je vais croiser une route qu'il faudra remonter pour arriver à Dhunche, simple non ? Je passe donc en mode nuit avec la frontale calée sur le front et continue à monter, pas grand chose d'autre à faire de toutes façons. J'adore cette ambiance nocturne et silencieuse. Ca me rappelle mes footings en forêt de Compiègne il y a quelques années. Finalement, au bout d'une trentaine de minutes, je finis par déboucher sur la route et quelques minutes plus tard j'arrive à Dhunche après 11h de marche d'une journée mémorable. Entre les difficultés pour trouver mon chemin et la fin à la frontale, j'ai terminé en beauté ces 28 jours de rando au Népal. Au final, un trek avec des paysages magnifiques, notamment autour de Kyanjin Gompa et ce, avec beaucoup moins de randonneurs que dans l'Annapurna Himal.

Départ le lendemain en bus pour Kathmandu. Histoire d'épicer le retour, je me fais la descente de la vallée sur le toit du bus, sensations fortes garanties mais confort limité (heureusement qu'il n'y en avait que pour 6h).


Arrivé à Kathmandu, je me pose avec un français et un suisse rencontrés dans le bus et je ne fais rien de ma dernière journée avant de m'envoler pour San Francisco.


mercredi 11 avril 2012

Népal : Annapurna

Après ce petit tour en Chine (et 2 jours de retard pour cause d'avion raté), j'arrive enfin au Népal. Première chose à faire, mettre ma montre à l'heure. Autant j'avais appris récemment (merci Manu) qu'il existe des demis-fuseaux horaires, autant là je dois avouer que le Népal et son GMT+5:45 font fort. Une fois cette formalité réglée, je pars directement pour Pokhara (6h de minivan) qui est la 2e ville plus grande ville du Népal et est le point de départ pour le trek autour des Annapurnas, chaîne de montagnes dont le point culminant Annapurna I culmine à 8091 mètres.
J'y passe une journée le temps d'acheter mes permis de trekking et un duvet pour cette rando qui va m'emmener autour des Annapurnas, puis au camp de base sud en une vingtaine de jours.

Une petite carte pour suivre mon périple. C'est exactement le chemin que j'ai suivi, mis à part qu'il manque le passage au lac de Tilicho (facile à repérer vu qu'il n'y pas de masses de lacs).


1e jour: Besi Sahar (820m) - Ngadi (890m)

Tout commence par 5h de bus local avec la pop indienne à fond les ballons pour arriver à Besi Sahar, véritable point de départ du trek. Sans vraiment savoir pourquoi, je commence le trek avec Jonathan, un américain avec qui j'avais discuté 2 minutes dans le bus. Le début se fait sur une piste carrossable (pour un bus népalais mais perso je n'irais pas avec ma voiture) jusqu'à Bhulbule où après 2h de marche nous faisons une pause déjeuner. Pour l'instant, il fait très chaud et les paysages sont très verts avec des terrasses pour l'agriculture même si la pente n'est pas encore très forte.
Jonathan sur le premier des nombreux ponts suspendus que nous traverserons.


Nous repartons ensuite pour 50 minutes de marche et nous nous arrêtons pour notre première nuit à Ngadi. Au menu, le plat emblématique du Népal, j'ai nommé le Dal Bhat, composé de riz blanc, d'un bol de soupe aux lentilles et agrémenté des quelques légumes disponibles. La bonne nouvelle, c'est que c'est à volonté, la mauvaise, c'est que j'ai chopé ma turista de début de trek.

2e jour: Ngadi - Jagat (1300m)

Omelette et porridge pour le petit déjeuner, départ un peu avant 8h. Le temps est au beau fixe. Nous continuons à remonter la vallée (ya encore un peu de grimpette avant d'arriver au point culminant, le col de Thorong-La qui culmine à 5416m). Malheureusement, mes ennuis gastriques me taquinent toujours. Cela dit, la beauté des paysages l'emporte largement sur ce petit souci.


Nous nous arrêtons pour la nuit à Jagat après une journée tranquille de 5h de marche.

3e jour: Jagat - Dharapani (1900m)

Aujourd'hui mon estomac a l'air d'aller un peu mieux, pourvu que ça dure. Nous continuons à remonter la vallée, très encaissée par endroits. Le chemin est taillé à même la falaise.


Un des points négatifs pour l'instant est la route en construction dans la vallée. En effet, un des gros attraits de ce trek à mes yeux est l'isolement pendant la durée du trek. Bien sûr, je comprends la volonté de désenclaver les villages mais il est évident que l'ouverture d'une route va profondément affecter le paysage et les villages.
Sur cette portion, on a encore de la marge avant qu'elle ne soit terminée.


Après un peu moins de 5h de marche, nous arrivons à Dharapani où nous passerons la nuit. J'avais l'intention de ne rester que quelques jours avec Jonathan (j'aimerais marcher plus longtemps chaque jour) mais au final, je décide pour une fois de prendre mon temps et de rester en son agréable compagnie.

4e jour: Dharapani - Chame (2710m)

Courte journée, 4h30 de marche pour atteindre Chame. Nous apercevons notre premier sommet enneigé, nous sommes tout excité et ce n'est que le début. Petite énigme non résolue, j'ai remarqué a plusieurs endroits dans le village des escaliers à côté des portails, un architecte belge peut-être ?


Comme à chaque fois, nous ne manquons pas de faire tourner les moulins à prières.


5e jour: Chame - Upper Pisang (3310m)

Ca y est, mon estomac est complètement rétabli, je me sens en forme. On sent qu'on gagne en altitude, la température baisse (le short est retourné dans le sac). Nous croisons une formation rocheuse assez surprenante.


Une très belle photo de Jonathan prise à l'aurore.


6e jour: Upper Pisang - Manang (3540m)

Superbe surprise au réveil, l'Annapurna II (7937m) par la fenêtre.


Toute la journée, nous aurons des vues superbes sur l'Annapurna II.


Ghyaru, village typique népalais avec ses drapeaux à prières.


Ghyaru vu du chemin.


Au fur et à mesure que l'on monte, la végétation devient de plus en plus clairsemée.


Nous arrivons a Manang apres 5h de marche. Le lieu n'est pas très hospitalier, très gris, peu de végétation, le mot qui me vient à l'esprit est "rude".

7e jour: Manang

Afin de nous acclimater tranquillement, nous décidons de rester une journée à Manang. Histoire de me tester un peu, je pars faire un jogging en montée, tout va bien je suis en forme et la vue sur la vallée n'est pas mal du tout.


Dans l'après-midi, j'assiste à une présentation sur le mal d'altitude. Sujet sur lequel je ne connaissais pas grand chose alors que je suis monté à plus de 6000 mètres au Pérou. Heureusement, ça c'est bien passé, ce qui n'est pas toujours le cas. En effet, un touriste était mort du mal d'altitude une semaine avant notre arrivée.

8e jour: Manang - Shree Kharka (un peu plus haut que Manang)

Aujourd'hui, nous partons pour une variante de quelques jours qui doit nous mener au lac de Tilicho. Apres 3h de marche, nous arrivons à Shree Kharka pour le déjeuner. Nous hésitons à continuer, le temps n'ayant pas l'air très favorable. Alors que nous aurions bien continué tous les deux, nous décidons de rester là pour la nuit, ce qui se révèlera par la suite avoir été une très bonne inspiration.

9e jour: Shree Kharka - Tilicho base camp (4000 et des)

Départ sous la neige pour le camp de base de Tilicho. Une ambiance très sympa, tout en noir et blanc, très silencieux.
Traversée de pont suspendu suivi d'un passage bien pentu, glissant et étroit.


Pierrier gigantesque.


Jonathan traversant le pierrier.


Arrivés au camp de base, il neige toujours beaucoup. Nous croisons des gens qui redescendent sans avoir pu monter au lac à cause du mauvais temps. Heureusement que nous ne sommes pas venu un jour plus tôt. Pour m'occuper, je décide de tenter de monter quand même vers le lac. Apres 1h30 de grimpette, je decide de redescendre avant que la neige ne recouvre mes traces et que je ne me perde. Je croise des yaks qui n'ont pas l'air trop perturbé par la neige.


10e jour: Tilicho base camp - Shree Kharka

Réveil aux aurores et excellente surprise, pas un nuage, grand ciel bleu. C'est parti pour l'ascension qui doit nous amener à plus de 5000 mètres. Je me sens en pleine bourre. Je décide de monter au grand trot pour me tester et pour un plaisir très égoïste, avoir de la montagne pour moi tout seul. Je me retrouve à faire la trace, je m'enfonce jusqu'au genou la plupart du temps avec des passages avec de la neige jusqu'en haut des cuisses, un vrai régal.
Vue sur la vallée dont nous sommes partis.


Apres 2h de montée, j'arrive sur le plateau mais pas de lac en vue, pas de chemin non plus, tout est recouvert de neige. Je me retrouve donc à faire une trace au pif en essayant d'éviter les passages avec beaucoup de neige. La neige et l'altitude ne rendent pas la progression facile et c'est tant mieux, ça n'en durera que plus longtemps. Le paysage est extraordinaire, bicolore, blanc pour les montagnes et bleu pour le ciel. Je suis seul a profiter de ce spectacle, pas une trace à part la mienne, pas un bruit, pour rien au monde je n'échangerais ma place.


Autant dire qu'avec mes chaussures de trail trouées, j'ai eu un peu froid au pieds mais ça reste du détail. Ma trace.


Je suis arrivé de la gauche et j'ai suivi l'arête plus ou moins au milieu de la photo.


Une petite vidéo pour la route.


Au final, je finis par tomber sur le lac, complètement recouvert de neige en cette saion (pas d'élébonistes sans frontières, j'ai laissé mon pic à glace à la maison).


Jonathan me rejoint un peu après et nous prenons un instant la pose avant de redescendre au camp de base.


Nous continuons jusqu'à Shree Kharka où nous avons dormi la veille. L'ambiance est totalement différente avec le soleil.


Superbe vue sur le Khangsar Khan (à l'extrême gauche) et le pic de Tilicho (au bout de la longue arête de neige à droite) depuis la guesthouse.



11e jour: Shree Kharka - Leddar (4200m)

Mon compagnon de promenade Jonathan étant photographe semi professionnel, il aime bien se lever le matin pour prendre des photos qui rendent plutôt pas mal.


Le Khangsar Khan au réveil.


Après quelques heures de marche, nous sommes de retour sur le chemin principal du tour des Annapurnas.
Vue sur Manang au fond de la vallée où nous étions quelques jours plus tôt.


Nous nous arrêtons à Leddar pour la nuit.

12e jour: Leddar - High Camp (4850m)

Les choses sérieuses se précisent. Après un départ tranquille (comme d'habitude nous sommes dans les derniers à partir), nous arrivons assez rapidement à Thorong Phedi. Nous recroisons le couple d'ukrainiens croisé en début de trek, ils doivent malheureusement renoncer à passer le col, le mari souffrant du mal d'altitude. Sage décision, aucun col ne méritant de risquer sa vie pour le franchir. Après la pause thé noir qui est devenue rituelle, nous attaquons la montée raide mais courte jusqu'à High Camp, qui, comme son nom l'indique est haut perché, à environ 4850 mètres d'altitude. L'étape ayant été assez courte (arrivée avant 13h), je décide de me lancer un petit challenge: courir le plus longtemps possible sur le chemin qui monte au col. A ma grande surprise, j'atteins le col à 5416 mètres en 1h10 sans faire de pause, même si ma vitesse est assez réduite. Je me sens dans une forme resplendissante, la descente se fait en courant, tout en glissades (plus ou moins) controllées, j'ai l'impression d'avoir un troisième poumon.


La nuit, nous ne dormons pas très bien. Il fait très froid et l'altitude n'aide pas à trouver le sommeil.

13e jour: High Camp - Muktinah (3800m)

Lever aux aurores pour monter une 2e fois au col mais cette fois-ci basculer de l'autre côté. Le beau temps est de la partie. Je remonte pas mal de monde pendant la montée.


Petit panorama avec le Kilimandjaro au fond à droite.


La pause photo de circonstances, nous l'avons fait: 5416 mètres d'altitude. Ya plus qu'à redescendre maintenant.


Les paysages de l'autre côté sont totalement différents, peu de neige, très désertique.


Pendant la descente, nous croisons les coureurs de l'Annapurna Mandalay Trail, une course par étapes organisée tous les ans au Népal. Nous nous arrêtons à Muktinah. Les traileurs logeant également dans le village, j'en profite pour prendre quelques infos, ça a l'air fun comme concept, une dizaine d'étapes avec un programme qui change chaque année. C'est également à Muktinah que je quitte Jonathan qui va prendre l'avion à Jomson dans deux jours. Une très belle rencontre, j'espère avoir l'occasion de le revoir quand j'irai faire de la rando dans l'Utah.

14e jour: Muktinah - Larjung (2550m)

Aujourd'hui, au programme, de la descente par la piste jusqu'à la rivière Kali Gandaki.
Vue sur la région très désertique du Mustang.


Arrivée à la rivière, je recroise les traileurs qui courent la dernière étape avec arrivée à Jomson. Dans le lit de la rivière, je repère un coureur au loin et mon esprit de compétiteur ne peut résister à l'envie de tenter de le rattraper. Après avoir fait la descente en courant, je me retrouve donc à courir aussi sur le plat.
Je vais me le faire ;-)


Vous pouvez voir le Dhaulagiri (8167m) et le village de Jomson en arrière-plan. Je le rejoins peu avant Jomson et nous terminons ensemble. Je continue mon chemin sur un rythme un peu plus tranquille.
Le village de Jharkot avec les Nilgiri en arrière-plan.


Je fais une pause déjeuner au très joli village de Marpha après 3h30 de marche. Ayant déjà bien progressé, je décide d'éviter la piste en prenant les petits chemins. A un moment, je me retrouve dans une forêt avec trois chemins devant moi. Je choisis celui qui me semble aller dans la bonne direction. N'étant plus satisfait de ce chemin, je décide de couper à travers la forêt (qui n'était pas trop dense) en me fiant aux montagnes environnantes pour garder le bon cap. Au bout d'une petite heure, je finis par retomber sur mes pattes avec la gigantesque vallée de la Kali Gandaki devant moi.


Je retourne sur la piste pour la fin de la journée. Passage au village de Tukuche d'où était partie l'expédition française victorieuse de l'Annapurna I en 1950, 1e 8000 conquis par l'homme. Le récit qu'en a fait Maurice Herzog (chef de l'expédition) m'aura d'ailleurs accompagné pendant tout le périple, durant lequel j'ai pu marcher dans les pas de ces alpinistes de légende.


Au final, je termine cette grosse journée à Larjung avec 36 km au compteur en 6h36.

15e jour: Larjung - Tatopani (1200m)

Aujourd'hui, je continue la descente avec une succession de pistes et de petits chemins.
Plus haut pont suspendu de la rando, un peu flippant quand même.


J'arrive à Tatopani dans l'après-midi où comme son nom l'indique, je vais pouvoir profiter des sources d'eau chaude. Comme chacun sait, en népalais "tato" veut dire chaud et "pani" eau. Je profite donc longuement du bassin à l'eau très chaude, un vrai bonheur après deux semaines de randonnées.

16e jour: Tatopani - Ghorepani (2820m)

A force de descendre, il fallait bien que ça s'arrête. Aujourd'hui, que de la montée au programme sur du sentier bien raide, histoire de bien faire travailler les cuissots. Le ciel devenant menaçant, je force le pas sur la fin et arrive à Ghorepani (eau froide en népalais) en 5h environ, juste avant que l'orage n'éclate. En fin de journée, je décide de monter en repérage à la colline de Poon Hill, lieu de rendez-vous de tous les amateurs de lever de soleil. Le chemin serpentant au milieu des rhodo en fleurs est très agréable.


La redescente dans la nuit tombante sans frontale est un peu délicate mais un bon exercice pour les chevilles.

17e jour: Ghorepani - Himalaya (2900m)

Réveil aux aurores (pour de vrai cette fois) à 5h15 pour aller admirer le lever de soleil. Après 20 minutes de marche, je suis de retour en haut de la colline où il y a déjà beaucoup de monde. Le spectacle est absolument magique.
Le Dhaulagiri.


L'Annapurna I (à gauche) qui par un effet d'optique parait moins élevé que l'Annapurna South.


Et le tout avec le Machapuchare tout à droite et le Nilgiri à gauche de l'Annapurna I.


Une resucée de Dhaulagiri avec les drapeaux à prières en prime.


Je redescends à la guesthouse pour prendre mon petit déjeuner tout en profitant encore d'une belle vue sur le Dhaulagiri.


Après ce réveil matinal, je vais commencer la deuxième partie de ma rando. Je quitte le circuit du tour des Annapurnas pour monter au camp de base sud (trek aussi connu sous le nom de sanctuaire de l'Annapurna). Une grosse journée m'attend. En effet, je souhaite remonter le plus possible la vallée pour éviter d'avoir à monter trop le lendemain. Le début du chemin au milieu des rhododendrons et avec quelques vues sur les Annapurnas et le Dhaulagiri est magnifique. S'ensuit une longue descente puis une courte mais raide remontée jusqu'à Tadapani. De là, redescente raide au pas de course puis remontée jusqu'à Chomrong. Les paysages sont redevenus beaucoup plus verts avec des terrasses partout.


Après 5h de marche assez difficiles (pentes raides en montée comme en descente), j'arrive à Chomrong pour faire une pause déjeuner. Je ne m'attarde pas, j'ai encore un bon bout de chemin. Je redescends rapidement à la rivière et commence la remontée de la vallée menant au camp de base. Ca commence de manière radicale avec 1h de montée d'escaliers, cuissots en béton garanti. De là, le reste parait facile. Comme d'habitude dans l'après-midi, le temps se dégrade. C'est un gros orage qui me tombe dessus, avec en prime de la grêle.


Après 3h de marche, j'arrive à Dovan tout détrempé. Plus que 400 mètres de dénivelé positif et j'arriverai à Himalaya, mon objectif du jour. Je remets donc un coup de collier, tout comme l'orage qui redouble d'intensité. Au bout d'une longue journée (9h pour 25 km), j'arrive enfin, sous les éclairs et les roulements de tonnerre. Je ralentis l'allure sur la fin pour profiter de ces instants que j'apprécie particulièrement. J'ai réussi à faire démentir les népalais qui me disaient tous "not possible" quand je leur disais où je voulais dormir (ce qui n'a fait que renforcer ma motivation).

18e jour: Himalaya - Annapurna base camp (4130m)

Petite journée au programme, la distance jusqu'au camp de base étant inférieure à 10 km. J'en profite pour faire un peu de hors-piste, ce qui n'est pas franchement recommandé dans une zone où les avalanches sont nombreuses. Au début, je suis dans une forêt, à priori un endroit assez sûr pour les avalanches (sinon elle ne serait plus là non ?). Ensuite j'arrive dans une clairière qui était une forêt il y a peu, ça ressemble fort à un dégât d'avalanche ça, ce n'est pas peut-être pas le moment de trainer dans le coin. Je continue rapidement à remonter la rivière en rive droite (le chemin étant en rive gauche) mais je me retrouve face à un mur de glace qui m'empêche de continuer. Pas de pont à l'horizon, va falloir traverser à gué. Ca n'a pas l'air très profond par là, ah quand même jusqu'en haut des cuisses, c'est frais mais c'est pas grave. Après cet épisode bien divertissant, j'arrive au camp de base de l'Annapurna. Pour l'instant, la vue n'est pas terrible, beaucoup de nuages.

19e jour: Annapurna base camp - Phedi (m)

Aujourd'hui réveil à 5h (encore) pour aller voir le lever de soleil sur les montagnes. Sans être aussi magique qu'à Poon Hill, ça vaut quand même le détour.
Extrême gauche, Annapurna South (7219m), à sa droite, Annapurna I (8091m) et tout à droite Machapuchare (6993m).


Machapuchare (à droite) avec le soleil qui approche.


Après un bon petit déjeuner, j'attaque la descente. Pour ce qui pourrait être la dernière journée de trek, je me fixe un objectif ambitieux: atteindre la fin du trek en une journée (3 à 4 jours en temps normal). La descente jusqu'à Chomrong se fait rapidement même si le chemin assez technique ne permet pas de courir très vite. Je retrouve avec plaisir l'interminable escalier (4000 marches environ d'après un népalais) qui mène en haut du village. Après une pause déjeuner rapide, je continue la descente jusqu'à la rivière avant d'attaquer la dernière remontée jusqu'à Pitam Deurali (à peine 1500 mètres de D+ à remonter). 2h30 plus tard, j'en ai fini de la montée, plus que 3h30 de descente (annoncées) et j'en aurais terminé. Je prends le temps de boire une tasse de thé et de profiter d'une vue irréelle sur l'Annapurna South dont la cime apparait très haut au milieu des nuages.


J'attaque la descente à pleine balle. Malgré les 9h de marche déjà accumulées, je me mets à courir à fond sans raison, juste pour mon plus grand et immense plaisir. Je ne sens plus les ampoules, le sac à dos, la fatigue et j'ai l'impression de sprinter pendant 1h sans me fatiguer, sensation de liberté absolument géniale. Arrivé à Dhampus, je prends le temps de faire quelques photos des montagnes éclairées par le soleil couchant.
Machapuchare.


Et dire que ce matin, je suis parti de derrière le Machapuchare (au milieu), je n'ai pas trainé en route. Comme dirait l'autre, je n'étais pas venu pour suçer des glaçons.


A la sortie de Dhampus, je me fais piéger par un panneau annoncant Pokhara 1h30 de marche. Je termine la descente jusqu'à Phedi (fin du trek) et commence à marcher le long de la route vers Pokhara. La nuit est tombée depuis une bonne demi-heure et je marche sans apercevoir les lumières de la ville. Un népalais croisé au bord de la route m'informe qu'il y au moins 3h de marche jusqu'à Pokhara et que je ferais mieux de prendre un bus, ce qui me parait fort raisonnable. Les 1h30 annoncées sont en fait 45 minutes de marche jusqu'à Phedi et 45 minutes de bus jusqu'à Pokhara. Je termine donc ma journée après 11h30 de marche, j'ai réussi mon pari d'atteindre Phedi (et même quelques kilomètres de plus) en une journée malgré le septicisme des locaux. La palme revenant à celui qui, après lui avoir dit que je voulais aller à Phedi m'a dit "et pourquoi pas Katmandu ?".
Au final, 19 jours d'une randonnée exceptionnelle, des paysages magnifiques, une très belle rencontre et une difficulté tout relative (pas de portage de nourriture ni de matériel de camping hormis le duvet). Je recommande vivement cette randonnée, notamment le détour par le lac de Tilicho. 
Maintenant place à quelques jours de repos à Pokhara avant de repartir sur les chemins.