Après ce petit tour dans le nord, je me dirige vers la péninsule Kenai au sud d'Anchorage. Au programme, un peu de randonnée sur terre puis sur mer. Je vais commencer par traverser la péninsule depuis Hope jusqu'à Seward, en enchainant 3 randos, le Resurrection Pass trail, le Russians Lakes trail et le Resurrection River trail pour un total d'environ 120 kilomètres dans les montagnes. Comme d'habitude, je me rends au point de départ en stop. C'est toujours rapide et c'est un bon moyen de rencontrer les locaux. L'endroit attire pas mal de chercheurs d'or (véridique). Il y a même un panneau d'information pour donner quelques tuyaux.
Le début est très plaisant, le long d'une rivière avec le soleil qui m'accompagne.
Cela dit, le sac avec 7 jours de nourriture pèse pas mal sur les épaules. Vivement que je mange et qu'il s'allège. Comme j'ai démarré en début d'après-midi, je ne marche pas beaucoup.
Le lendemain, je continue mon ascension vers le point culminant du trail (2450 pieds quand même, ouais je sais, ça ne fait pas grand chose en mètres).
Le temps se gâte et les empreintes de grizzly se font de plus en plus nombreuses. Je reste sur mes gardes mais aucun ne pointe le bout de son nez. Autant j'ai l'impression d'avoir souvent trimballé mon parapluie pour rien ces 9 derniers mois, autant je suis content de l'avoir en alaska. J'arrive au campement vers 17h, il est complètement enneigé mais j'arrive à trouver un coin entre les arbres pour planter ma tente.
Grand soleil le lendemain. J'attaque la redescente (douce) en profitant de belles vues sur les lacs.
Swan lake.
Juneau lake.
Je termine tranquillement cette première rando sous la pluie (ça devient une habitude) et enchaine direct (à peine quelques kilomètres de route) sur le Russians Lakes trail sous une pluie battante. Elle a le bon goût de cesser quand j'arrive au campement au bord du lac Lower Russian.
Le lendemain, je continue tranquillement sous une beau soleil. En début d'après-midi, je croise 2 VTTétistes qui viennent de croiser un énorme grizzly. Serait-ce enfin mon jour de "chance" ? Et bien non, je ne le verrai pas car j'arrive à la bifurcation pour le Resurrection River trail qui se trouve avant l'endroit où ils ont aperçu l'ours. Le temps vire à l'orage mais la bonne nouvelle, c'est que là où je vais le temps a l'air d'être meilleur. La mauvaise nouvelle, c'est que je suis maintenant sur un chemin non entretenu. Il y a des arbres en pagailles en travers du chemin et la pluie a vite fait de me rattraper. Histoire de se mouiller encore un peu plus, il n'y a pas de ponts pour traverser les rivières, donc ça se fait à gué. Cela dit aujourd'hui, ça va encore, pas plus que les genoux.
Le bon côté des choses, c'est que ce n'est pas monotone. J'arrive vers 19h30 à trouver (enfin) un endroit pour planter ma tente et faire un feu (j'ai réussi à semer la pluie et retrouver le soleil).
Histoire de bien commencer la journée le lendemain, j'attaque par une traversée de rivière. 1e branche ok, pas de souci. 2e branche, plus profonde que prévue, de l'eau jusqu'en haut des cuisses donc pas mal de courant. Pas de soucis, j'y suis presque, encore 2 mètres, encore 1 mètre, non Sylvain, ne te précipite pas ... et plouf le Sylvain, j'arrive à me remettre sur pied malgré le courant mais replouf le Sylvain. Je me relève et cette fois c'est bon, je suis de l'autre côté. Je suis parti depuis 5 minutes et je fais déjà une pause pour sécher mes affaires. Mention spéciale à mon sac étanche mal fermé qui contenait passeport, cartes bleues et argent. Va falloir sécher tout ça maintenant.
Une heure après, je me remets en route. J'avance bien jusqu'à ce que j'arrive à Marvin Creek, une belle rivière avec un pont. Là où le bât blesse, c'est que le pont a été emporté par une crue et se trouve maintenant d'un seul côté de la rivière. Je tente différentes approches. La première sur un arbre à moitié immergé ... ou pas. La deuxième, à gué ... ou pas, c'est beaucoup trop profond et le courant est très violent. Je vous laisse découvrir la troisième en vidéo.
Après réflexion, je décide de tenter une nouvelle approche.
Ce fût un passsage super sympa en mode Indiana Jones avec de l'eau jusqu'en haut des cuisses au milieu des arbres avant de pouvoir atteindre ce "pont". Il n'y a pas à dire, quand ils disent "pas maintenu", ce n'est pas pour rigoler. Après ça, plus de souci particulier, le chemin est bien entretenu. Je termine ces 5 jours de rando bien fendards (surtout la dernière partie) à Exit glacier, pas loin de Seward. Je m'accorde une petite sieste après d'aller voir rapidement le glacier.
Le lendemain, je décide d'aller monter le chemin qui surplombe le glacier. J'attaque en tongs pour changer mais après plusieurs passages de névés, ma résistance au froid dit stop. J'enfile mes chaussures et en profite pour accélerer l'allure et me rassurer sur mon état de forme. Le chemin est complètement enneigé sur la fin. Voilà ce que ça donne vu du dessus.
Il y a des traces qui continuent à monter mais comme le brouillard se lève, je décide de redescendre. Comme souvent en descente, je me mets à courir mais sans trop savoir pourquoi, je fais cette descente à fond, en sprint. Le chemin étroit est un vrai régal et j'ai l'impression de voler, comme lors de ma dernière journée de rando dans le massif de l'Annapurna. Arrivé en bas, je me rends compte que le temps a l'air de s'améliorer et je décide donc de remonter (quand on aime, on ne compte pas). Effectivement, c'est beaucoup mieux la deuxième fois.
Je me refais la descente à fond de balle, en ramasse (glissade debout) dans la neige, pur moment de bonheur. Petit moment de rigolade devant le panneau d'information sur les ours. Si un grizzly commence à vous manger, ne vous laissez pas faire, c'est bon à savoir.
Après avoir fait travaillé les jambes, il est temps de passer aux bras avec un peu de kayak. Je passe une journée à Seward pour organiser mon trip dans les fjords. Pas évident de trouver quelqu'un qui veut bien me louer un kayak 3 jours pour un trip en solo. A force d'insister, je finis par trouver une solution. En fin d'après-midi, histoire de faire un peu d'exercice et de profiter du beau temps, je décide de grimper une des collines derrière Seward.
La descente se fait tout droit, dans les névés et les pierriers ou comment ruiner ses chaussures en 15 minutes chrono (pour 1h de montée). Il a une course tous les ans le 4 juillet (dommage, j'étais presque bon niveau timing). Le vainqueur met environ 49 minutes pour monter et descendre. Autant dire que moi avec mes 1h15, je suis loin du compte mais je suis content de ne pas m'être blessé. Sur la photo, on voit bien le chemin qui descend sur la droite, celui pour monter est à gauche plus ou moins le long de l'arête.
Le lendemain, départ à 8h pour rejoindre la baie Aialik en bateau taxi. Il fait encore un temps superbe. Nous nous arrêtons en chemin pour observer la faune. Première rencontre avec des baleines à bosses pour moi. Nous avons même la chance de voir deux fois une baleine jaillir museau en premier pour se nourrir, le spectacle est impressionnant. Nouvelle rencontre magique peu après avec ce que je pensais être des dauphins. Ce sont en fait des marsouins, ils restent pendant 5 minutes environ à nager devant le bateau.
Nous continuons notre chemin. Cette fois-ci nous voyons des loutres de mer toutes mimi avec leurs pattes et tête en l'air.
Après 3h de transfert, le bateau me dépose avec mon kayak sur une plage et reviendra me chercher dans 3 jours sur une autre plage de l'autre côté de la baie. Ca fait un peu ambiance seul au monde. Après avoir avalé mon déjeuner, je me mets en route. Le temps est au beau fixe, la mer est calme, c'est un vrai régal de naviguer dans ce paysage. Je me rapproche en mode brise-glaces (ou Titanic, ça dépend) de mon premier glacier, Aialik de son petit nom.
Je mets ensuite pieds à terre pour aller le voir de plus près.
J'en profite comme d'habitude pour aller tester l'eau.
Je me remets ensuite en route pour le lagon Pedersen dans lequel je dois rentrer quand la marée monte (pour le courant) et quand la marée est haute (pour la profondeur). J'arrive pile poil à l'heure. Je remonte ensuite jusqu'au glacier Pedersen, pas possible de s'approcher trop près, beaucoup de glaces mais je me régale à naviguer entre les icebergs.
Je vais ensuite monter ma tente et préparer mon repas d'anniversaire. Grosse soirée au programme. Après mon non anniversaire l'année dernière pour cause d'Ironman, celui-là va aussi être calme. J'avais quand même prévu une bière, des bonbons et une tartelette.
Le lendemain, il fait encore un temps magnifique. Pas un nuage, j'ai vraiment beaucoup de chance. Comme pour rentrer dans le lagon, pour en sortir, il faut viser la marée haute. Elle était à 4h du mat'. Avec un réveil à 11h, je crois que c'est mort. Pas bien grave, il suffira de porter le kayak quelques centaines de mètres pour retourner dans la baie. Après ce petit exercice, je me mets en route pour le glacier Holgate.
Petite vue d'ensemble.
Je vais ensuite me poser sur une plage un peu plus loin. Alors que j'étais tranquillement en train de manger, je vois un jet d'eau et d'air à quelques centaines de mètres, signe qu'il y a une baleine. Ni une ni deux, j'enfourche mon kayak et tente de m'approcher de la bête (taille moyenne 13 à 14 mètres). Malheureusement, elle ne refera pas surface, ce n'est que partie remise. Le coucher de soleil sur les montagnes et le glacier est absolulement magnifique.
Mon campement avec le glacier Holgate au fond.
Le lendemain, réveil sous la pluie. Le campeur du dimanche que je suis avait réussi à mal planter la tente et je me réveille avec de l'eau dans la tente, mes habits et mes duvets trempés, la journée commence bien. En plus, le bateau ne vient me chercher qu'à 4h de l'aprem. Tant qu'à être mouillé, je me dis que je ferais mieux d'aller naviguer, ça me réchauffera. Peu après mon départ, je revois une baleine et cette fois-ci, j'arrive à m'approcher assez près.
Impressionnant, surtout quand la bête se trouve à moins de 30 mètres de moi. Après ce bon petit divertissement, je me remets tranquillement en route. Alors que je faisais une pause, une baleine surgit à moins de 10 mètres de moi, magique. Comme la mer à cet endroit était assez houleuse, je n'essaye pas de la suivre et repars vers mon point de rendez-vous.
En chemin, je croise des formations rocheuses aux formes sympas.
J'arrive vers 2h30 sur la plage que je pense être le point de rendez-vous. Vu qu'il n'y a pas d'indications et qu'il y a beaucoup de plages, je ne suis pas sûr à 100% d'être au bon endroit mais j'ai un bon feeling. 4h, toujours pas de bateau. 4h15, toujours rien. Alors que je m'apprête à tenter de contacter le bateau par radio VHF, celui-ci fait son apparition et 2h plus tard, nous sommes de retour à Seward. Pas de camping cette fois-ci mais une auberge de jeunesse avec un bon lit (après 11 nuits sous la tente) et une bonne douche.
Je repars le lendemain pour Anchorage et le surlendemain, je décolle pour Mexico.
Au final, des randos (terrestres et marines) inoubliables. J'ai très envie de revenir en hiver, ça doit être magnifique. Une belle surprise de ce séjour en Alaska aura été l'accueil très chaleureux des locaux qui m'ont invité plusieurs fois à prendre un verre, manger avec eux et qui m'auront emmené en stop partout.