lundi 5 novembre 2012

La grande course des Templiers

Après ce long voyage autour du monde, il est temps de se remettre au sport. Histoire de faire un peu de compet' avec les potes, j'étais déjà allé à Vichy en août pour faire un demi-Ironman (à la base, ça devait être un Ironman mais la chaleur a changé la donne) et j'avais pu voir que je n'avais pas complètement perdu la forme. Cette fois, direction Millau pour retrouver Yann, un pote de l'UTC avec qui je me suis inscrit à la grande course des Templiers, un trail de 72 kilomètres et 3200 mètres de dénivelé positif.
Réveil à 3h30 du matin (tant pis pour la grasse mat' du dimanche) pour prendre le petit dej.



A la sortie de la maison à 4h du mat, un vent glacial nous accueille. Retour à la maison pour Yann qui va prendre ses affaires d'hiver. Effectivement, ça caille sévère, il y a du givre sur le pare-brise, ça commence fort.
Arrivée à Millau à 5h pour un départ à 5h15. Petite photo avant le départ.


5h15, musique d'Era à fond, fumigènes rouges, frontales allumées, c'est parti pour 2238 coureurs.



Le premier mettra 6h10 pour boucler l'épreuve et le dernier (2006e) un peu plus, en 15h27. Mon objectif est de me faire plaisir sur la course, profiter et ne pas terminer sur les genous. Après 2 kilomètres, on attaque la première montée vers le causse. Ambiance magique avec la lumière de plus de 2000 frontales dans la montagne. Au pied de la montée, on peut voir que les premiers sont déjà loin tout en haut.



Au bout d'une heure, retour au plat avec la traversée du causse, on peut se remettre à courir et se réchauffer un peu. Je me rends compte que ma frontale est un peu faiblarde (note pour moi-même, la prochaine fois, penser à recharger toutes les piles de la lampe et pas juste deux). Il fait tellement froid que l'eau a gelé dans les pailles de mes bidons. Le jour se lève doucement et les frontales s'éteignent. Les jambes tournent bien, la première descente sur Peyreleau arrive rapidement. Si les deux premières heures de course se sont courues sur une piste bien large, la descente se fait sur un single track (chemin juste assez large pour une personne) mignon tout plein, on aura ce type de chemin quasiment jusqu'à la fin.



J'arrive au premier ravitaillement en 2h45 (22 km). Une pâte de fruit, un peu d'eau et je repars aussi sec.



Je profite de la 2e montée vers le causse pour déguster mes deux premiers sandwichs viande des grisons/beaufort, un régal. J'avance à mon petit rythme et je me sens bien. Le ravitaillement de Saint André de Vézines arrive rapidement (4h25 de course, 34 km), pause un peu plus longue cette fois. La bonne soupe chaude passe très très bien. L'équipe d'assistance de Yann est déjà partie, c'est bon signe, ça veut dire que sa course se passe bien et qu'il trace. La suite du parcours est magnifique. Autant il n'y avait pas grand chose à voir au début, autant là on se régale. 



On croises des formations rocheuses tout à fait étonnantes.



On y passe même au milieu.



C'est zoli tout plein non ? Vous avez remarqué que juste pour vous, je suis obligé de faire de nombreuses pauses pour prendre des photos ce qui tue complètement ma moyenne.




Bon pour celle-là, j'avoue que je ne me suis pas arrêté.


Coup de bol, le ciel se dégage et le soleil nous tiendra compagnie jusqu'à l'arrivée (ou presque, faut dire qu'en général, la nuit, il n'y pas beaucoup de soleil). Après un long passage sur le causse, j'attaque la descente vers un petit patelin (La Roque Sainte Marguerite de son petit nom) avant la remontée bien raide qui mène au ravitaillement de Pierrefiche (6h55 de course, 48,5 km). J'en profite pour enlever le caillou que j'ai dans la chaussure droite depuis une bonne dizaine de kilomètres. Bon, comme il faut courir un peu entre les pauses, je repars sans trop m'attarder.  Bonne nouvelle, Millau apparait à la sortie d'un virage. Mauvaise nouvelle, il y a encore un bon bout de chemin et on peut voir la dernière montée qui nous attend. Nouvelle pause photo.


3 mètres plus loin, pause vidéo. Pour l'instant tout va bien je ne sens pas du tout la fatigue (ça ne durera pas) et je n'ai aucune douleur (mis à part mon caillou dans la chaussure qui est en fait une ampoule sous la plante du pied).



Les deux heures suivantes sont un peu plus difficiles, je commence à manquer de jus. Je ne cours plus sur le plat et en descente, c'est pas foufou non plus même si je continue à courir. Je m'octroie une bonne pause au pied de l'avant dernière montée, je termine le dernier de mes 6 sandwichs et tous les gels que j'ai pour les 4 km de montée qui m'attendent jusqu'au dernier ravito. Une mention spéciale aux spectateurs qui ne sont pas avares en encouragements. Je me mets ma playlist motivation, préparée pour les moments difficiles (merci Walter pour tes écouteurs).



La montée se passe plus vite que prévu et j'arrive en 1h au ravito de la ferme du Cade au bout de 10h44 de course (64,5 km). Je me pose au coin du feu et c'est franchement difficile de quitter la chaleur du foyer pour retourner dans le froid dehors. Cela dit, la pause m'a fait du bien et je repars à fond les ballons. 
Vous noterez mes propos quelque peu incohérent, la fatigue faisant des ravages.



Je fais la descente pleine balle, j'ai l'impression d'avoir retrouvé mes jambes. Grâce à Yann qui m'avait briefé sur le parcours, je sais qu'il reste une dernière montée avant la descente finale sur Millau. Un grand classique de la montagne, alors qu'on pensait être arrivé au sommet, on se rend compte qu'il y a encore un bon bout de grimpette, bien raide qui plus est. Le soleil se couche derrière le viaduc, faut pas trainer si je veux arriver avant la nuit. Cette dernière montée a raison de mon regain de forme et j'attaque la descente en marchant, je suis vraiment cuit. Allez Sylvain, faudrait voir à courir là ... ah non, ça descend pas assez ... ah non, ça descend trop ... ah non, ya trop de cailloux, enfin vous voyez le topo. Dernier passage très sympa avant l'arrivée, la grotte du hibou que l'on traverse (au pas de course bien entendu). J'en profite pour faire une pause.



Cette fois, ça sent vraiment la fin, je peux voir l'aire d'arrivée. Un volontaire m'annonce qu'il reste 2 kilomètres et que je devrais y être dans 20 minutes (pour ceux qui ne suivent pas, ça fait du 6 km/h), ça se voit tant que ça je suis cuit ? J'arrive finalement juste avant la tombée de la nuit. Mes parents, Yann, Aurore et sa famille sont là pour m'encourager. L'adrénaline me fait oublier la fatigue et je termine au pas de course (pour de vrai cette fois) et franchis la ligne d'arrivée au bout de 12h49 de course.


Félicitaitons à Yann qui termine en 10h49 avec une cheville en vrac. Et dire qu'il voulait qu'on court ensemble, je l'ai échappé belle. 
Ils ont des belles têtes de vainqueurs.


Au final, une super course pour laquelle j'avais fait une préparation assez légère. Je suis content d'avoir profité des paysages absolument magnifiques et d'avoir fini en relativement bonne condition. Le retour le lendemain sur Bruxelles (9h de route quand même) est passé tout seul, avec aucun moment de fatigue et j'ai pu aller recourir 10 km le surlendemain avec Walter. Tout ça est donc très positif pour viser des distances plus longues avec une véritable préparation (UTMB en 2014 ?).

mercredi 11 juillet 2012

Cuba

Après 10 mois de voyage, je débarque à La Havane pour ma dernière étape avant mon retour en France. Il va falloir se remettre à l'espagnol que je n'ai plus pratiqué depuis que j'ai quitté l'Argentine en novembre dernier. Mon hôte vient de me chercher à l'aéroport dans une veille américaine, cliché numéro 1, c'est fait. Je loge dans une casa particular, sorte de chambre d'hôtes, qui permet d'être plus proche des locaux que dans un hôtel (pas d'auberge de jeunesse à Cuba).


J'ai la chance (grâce à couchsurfing) de tomber sur une bonne adresse et de partager les repas avec mes hôtes (ce qui en général n'est jamais le cas, le touriste mangeant de son côté). Première chose que je bois en arrivant, un Cuba libre, cliché numéro 2, c'est fait. Me sentant l'aise, je décide de rester 2 semaines et demie à La Havane et de retrouver une vie un plus sédentaire. J'ai donc du temps pour me promener et visiter. Une des mes activités préférées est me déplacer en collectivo, les taxis collectifs qui sillonnent la ville. Quel plasir de s'asseoir dans ces vieilles américaines, vitres ouvertes avec la musique cubaine.


Mémorial José Marti sur la place de la révolution.


L'icône Che Guevara est présente partout.


Tout comme des références à la révolution.


Le Capitolio National


Le musée (comme il se doit très "orienté") de la révolution. Lors de la tentative d'invasion à la baie des Cochons, Fidel aux comamndes du char que l'on voit sur la photo aurait lui-même coulé un navire, beau gosse non ?


Rue typique du vieux quartier de La Havane.


Après cette longue pause à La Havane, je décide d'aller voir autre chose pendant une semaine. Direction le petit village de Viñales à l'ouest de La Havane, célèbre pour ses mogotes, des collines calcaires à la forme très particulière. Je commence par faire un tour à VTT (comprendre me perdre dans la campagne) au milieu des rizières dans des paysages magnifiques.


Le lendemain, je fais une excursion à cheval qui m'amène à un très beau point de vue sur les mogotes.


Direction ensuite Cienfuegos à l'est de La Havane, ville surnommée la perle de sud inscrite au patrimoine mondial par l'UNESCO.
Influence française avec l'arc de triomphe (unique à Cuba).


Influence arabe avec le palais de Valle.


Je ne m'attarde pas dans la ville et je me dirige vers Trinidad un peu plus à l'est. Changement radical en arrivant dans le centre ville, on a l'impression de revenir au 19e siècle. Cette ville est souvent comparé à un musée ouvert et c'est vrai que ses pavés grossiers, ses maisons colorées et son architecture coloniale nous renvoient dans le passé.
La plaza mayor.


Attention à la circulation en traversant.


Un autre attrait de la ville est la musique. Tous les soirs, près de la plaza mayor, des groupes cubains jouent de la musique et les locaux dansent la salsa, un régal pour les yeux et les oreilles.



Je reste là quelques jours avant de retourner à La Havane pour prendre mon avion et clôturer ce merveilleux voyage de 11 mois.


vendredi 29 juin 2012

Mexique: Mexico City

Après ce séjour dans le grand nord, direction le Mexique pour 2 jours. Pourquoi le Mexique ? Pour me rendre à l'ambassade cubaine demander ma carte de touriste. En effet, il semblerait que les Etats-Unis ne soient pas le pays le plus adéquat pour ça. N'ayant pas trouvé d'information sur internet, j'ai décidé après consultation avec moi-même que 2 jours suffirait pour obtenir le précieux sésame. Premier constat en arrivant à Mexico, il ne fait pas chaud. J'arrive en début de matinée et heureusement que j'ai encore ma polaire. Après avoir trouvé une auberge de jeunesse, je me rends confiant à l'ambassade cubaine. Après une bonne heure d'attente, je suis au guichet où j'ai la surprise d'être reçu en français. 10 minutes plus tard, j'ai mon visa, mission accomplie. Je vais pouvoir me balader un petit peu dans la ville .
La cathédrale qui se trouve sur le Zocalo, la place centrale de Mexico.


Une voiture emblématique au Mexique, la Coccinelle dont la production s'est arrêtée en 2003. Version taxi.


Version cabriolet.


Le lendemain, je fais un tour organisé par l'auberge de jeunesse. Trois arrêts au programme: le site archéologique de Tenochtitlan, la basilique Notre Dame de Guadalupe et la cité préhispanique de Teotihuacan.
Nous commençons par Tenochtitlan, l'ancienne capitale de l'empire aztèque. Une grande partie de la ville a été detruite lors de la conquête de la ville par les conquistadors espagnols en 1521. Ce n'est qu'à la fin du 20e siècle lors de travaux de construction qu'a été découvert le templo mayor (en photo ci-dessous), principal temple de la ville.


A la base de l'escalier, vous pouvez voir le début d'un autre escalier. En effet, les aztèques, pas vraiment des feignasses, avaient pour habitude de reconstruire tous les 52 ans une pyramide par dessus la précédente histoire de s'occuper un peu. Sur le site, on peut donc voir sept escaliers alignés qui donnent une idée de l'immensité de la plus grande pyramide (celle qu'on voit sur la photo étant la première donc la plus petite).
Nous partons ensuite voir la basilique Notre Dame de Guadalupe, haut lieu de pèlerinage qui attire chaque année 20 millions de visiteurs (2e monument catholique le plus visité après le Vatican). Sur la gauche, la nouvelle basilique construite en 1976, sur la droite l'ancienne, terminée en 1709 et qui pique un peu du nez. A cause du sol très meuble et du poids de l'édifice (comme beaucoup d'autres bâtiments à Mexico d'ailleurs), celle-ci menace de s'écrouler d'où la construction de la nouvelle basilique.


Dernier arrêt du jour, Teotihuacan, site archéologique très impressionnant avec les pyramides du soleil (au fond) et de la lune (d'où est prise la photo), les deux étant reliées par la chaussée des morts, bordée de nombreuses petites pyramides.


Au final, un passage éclair au Mexique pour raisons administratives mais qui me donne envie de revenir pour découvrir un peu plus les richesses de ce pays.

vendredi 22 juin 2012

Alaska : péninsule Kenai


Après ce petit tour dans le nord, je me dirige vers la péninsule Kenai au sud d'Anchorage. Au programme, un peu de randonnée sur terre puis sur mer. Je vais commencer par traverser la péninsule depuis Hope jusqu'à Seward, en enchainant 3 randos, le Resurrection Pass trail, le Russians Lakes trail et le Resurrection River trail pour un total d'environ 120 kilomètres dans les montagnes. Comme d'habitude, je me rends au point de départ en stop. C'est toujours rapide et c'est un bon moyen de rencontrer les locaux. L'endroit attire pas mal de chercheurs d'or (véridique). Il y a même un panneau d'information pour donner quelques tuyaux.


Le début est très plaisant, le long d'une rivière avec le soleil qui m'accompagne.


Cela dit, le sac avec 7 jours de nourriture pèse pas mal sur les épaules. Vivement que je mange et qu'il s'allège. Comme j'ai démarré en début d'après-midi, je ne marche pas beaucoup.
Le lendemain, je continue mon ascension vers le point culminant du trail (2450 pieds quand même, ouais je sais, ça ne fait pas grand chose en mètres).


Le temps se gâte et les empreintes de grizzly se font de plus en plus nombreuses. Je reste sur mes gardes mais aucun ne pointe le bout de son nez. Autant j'ai l'impression d'avoir souvent trimballé mon parapluie pour rien ces 9 derniers mois, autant je suis content de l'avoir en alaska. J'arrive au campement vers 17h, il est complètement enneigé mais j'arrive à trouver un coin entre les arbres pour planter ma tente.


Grand soleil le lendemain. J'attaque la redescente (douce) en profitant de belles vues sur les lacs.
Swan lake.



Juneau lake.


Je termine tranquillement cette première rando sous la pluie (ça devient une habitude) et enchaine direct (à peine quelques kilomètres de route) sur le Russians Lakes trail sous une pluie battante. Elle a le bon goût de cesser quand j'arrive au campement au bord du lac Lower Russian.


Le lendemain, je continue tranquillement sous une beau soleil. En début d'après-midi, je croise 2 VTTétistes qui viennent de croiser un énorme grizzly. Serait-ce enfin mon jour de "chance" ? Et bien non, je ne le verrai pas car j'arrive à la bifurcation pour le Resurrection River trail qui se trouve avant l'endroit où ils ont aperçu l'ours. Le temps vire à l'orage mais la bonne nouvelle, c'est que là où je vais le temps a l'air d'être meilleur. La mauvaise nouvelle, c'est que je suis maintenant sur un chemin non entretenu. Il y a des arbres en pagailles en travers du chemin et la pluie a vite fait de me rattraper. Histoire de se mouiller encore un peu plus, il n'y a pas de ponts pour traverser les rivières, donc ça se fait à gué. Cela dit aujourd'hui, ça va encore, pas plus que les genoux.


Le bon côté des choses, c'est que ce n'est pas monotone. J'arrive vers 19h30 à trouver (enfin) un endroit pour planter ma tente et faire un feu (j'ai réussi à semer la pluie et retrouver le soleil).
Histoire de bien commencer la journée le lendemain, j'attaque par une traversée de rivière. 1e branche ok, pas de souci. 2e branche, plus profonde que prévue, de l'eau jusqu'en haut des cuisses donc pas mal de courant. Pas de soucis, j'y suis presque, encore 2 mètres, encore 1 mètre, non Sylvain, ne te précipite pas ... et plouf le Sylvain, j'arrive à me remettre sur pied malgré le courant mais replouf le Sylvain. Je me relève et cette fois c'est bon, je suis de l'autre côté. Je suis parti depuis 5 minutes et je fais déjà une pause pour sécher mes affaires. Mention spéciale à mon sac étanche mal fermé qui contenait passeport, cartes bleues et argent. Va falloir sécher tout ça maintenant.


Une heure après, je me remets en route. J'avance bien jusqu'à ce que j'arrive à Marvin Creek, une belle rivière avec un pont. Là où le bât blesse, c'est que le pont a été emporté par une crue et se trouve maintenant d'un seul côté de la rivière. Je tente différentes approches. La première sur un arbre à moitié immergé ... ou pas. La deuxième, à gué ... ou pas, c'est beaucoup trop profond et le courant est très violent. Je vous laisse découvrir la troisième en vidéo.


Après réflexion, je décide de tenter une nouvelle approche.


Ce fût un passsage super sympa en mode Indiana Jones avec de l'eau jusqu'en haut des cuisses au milieu des arbres avant de pouvoir atteindre ce "pont". Il n'y a pas à dire, quand ils disent "pas maintenu", ce n'est pas pour rigoler. Après ça, plus de souci particulier, le chemin est bien entretenu. Je termine ces 5 jours de rando bien fendards (surtout la dernière partie) à Exit glacier, pas loin de Seward. Je m'accorde une petite sieste après d'aller voir rapidement le glacier.


Le lendemain, je décide d'aller monter le chemin qui surplombe le glacier. J'attaque en tongs pour changer mais après plusieurs passages de névés, ma résistance au froid dit stop. J'enfile mes chaussures et en profite pour accélerer l'allure et me rassurer sur mon état de forme. Le chemin est complètement enneigé sur la fin. Voilà ce que ça donne vu du dessus.


Il y a des traces qui continuent à monter mais comme le brouillard se lève, je décide de redescendre. Comme souvent en descente, je me mets à courir mais sans trop savoir pourquoi, je fais cette descente à fond, en sprint. Le chemin étroit est un vrai régal et j'ai l'impression de voler, comme lors de ma dernière journée de rando dans le massif de l'Annapurna. Arrivé en bas, je me rends compte que le temps a l'air de s'améliorer et je décide donc de remonter (quand on aime, on ne compte pas). Effectivement, c'est beaucoup mieux la deuxième fois.


Je me refais la descente à fond de balle, en ramasse (glissade debout) dans la neige, pur moment de bonheur. Petit moment de rigolade devant le panneau d'information sur les ours. Si un grizzly commence à vous manger, ne vous laissez pas faire, c'est bon à savoir.


Après avoir fait travaillé les jambes, il est temps de passer aux bras avec un peu de kayak. Je passe une journée à Seward pour organiser mon trip dans les fjords. Pas évident de trouver quelqu'un qui veut bien me louer un kayak 3 jours pour un trip en solo. A force d'insister, je finis par trouver une solution. En fin d'après-midi, histoire de faire un peu d'exercice et de profiter du beau temps, je décide de grimper une des collines derrière Seward.


La descente se fait tout droit, dans les névés et les pierriers ou comment ruiner ses chaussures en 15 minutes chrono (pour 1h de montée). Il a une course tous les ans le 4 juillet (dommage, j'étais presque bon niveau timing). Le vainqueur met environ 49 minutes pour monter et descendre. Autant dire que moi avec mes 1h15, je suis loin du compte mais je suis content de ne pas m'être blessé. Sur la photo, on voit bien le chemin qui descend sur la droite, celui pour monter est à gauche plus ou moins le long de l'arête.


Le lendemain, départ à 8h pour rejoindre la baie Aialik en bateau taxi. Il fait encore un temps superbe. Nous nous arrêtons en chemin pour observer la faune. Première rencontre avec des baleines à bosses pour moi. Nous avons même la chance de voir deux fois une baleine jaillir museau en premier pour se nourrir, le spectacle est impressionnant. Nouvelle rencontre magique peu après avec ce que je pensais être des dauphins. Ce sont en fait des marsouins, ils restent pendant 5 minutes environ à nager devant le bateau.


Nous continuons notre chemin. Cette fois-ci nous voyons des loutres de mer toutes mimi avec leurs pattes et tête en l'air.


Après 3h de transfert, le bateau me dépose avec mon kayak sur une plage et reviendra me chercher dans 3 jours sur une autre plage de l'autre côté de la baie. Ca fait un peu ambiance seul au monde. Après avoir avalé mon déjeuner, je me mets en route. Le temps est au beau fixe, la mer est calme, c'est un vrai régal de naviguer dans ce paysage. Je me rapproche en mode brise-glaces (ou Titanic, ça dépend) de mon premier glacier, Aialik de son petit nom.


Je mets ensuite pieds à terre pour aller le voir de plus près.


J'en profite comme d'habitude pour aller tester l'eau.


Je me remets ensuite en route pour le lagon Pedersen dans lequel je dois rentrer quand la marée monte (pour le courant) et quand la marée est haute (pour la profondeur). J'arrive pile poil à l'heure. Je remonte ensuite jusqu'au glacier Pedersen, pas possible de s'approcher trop près, beaucoup de glaces mais je me régale à naviguer entre les icebergs.


Je vais ensuite monter ma tente et préparer mon repas d'anniversaire. Grosse soirée au programme. Après mon non anniversaire l'année dernière pour cause d'Ironman, celui-là va aussi être calme. J'avais quand même prévu une bière, des bonbons et une tartelette.


Le lendemain, il fait encore un temps magnifique. Pas un nuage, j'ai vraiment beaucoup de chance. Comme pour rentrer dans le lagon, pour en sortir, il faut viser la marée haute. Elle était à 4h du mat'. Avec un réveil à 11h, je crois que c'est mort. Pas bien grave, il suffira de porter le kayak quelques centaines de mètres pour retourner dans la baie. Après ce petit exercice, je me mets en route pour le glacier Holgate.
Petite vue d'ensemble.


Je vais ensuite me poser sur une plage un peu plus loin. Alors que j'étais tranquillement en train de manger, je vois un jet d'eau et d'air à quelques centaines de mètres, signe qu'il y a une baleine. Ni une ni deux, j'enfourche mon kayak et tente de m'approcher de la bête (taille moyenne 13 à 14 mètres). Malheureusement, elle ne refera pas surface, ce n'est que partie remise. Le coucher de soleil sur les montagnes et le glacier est absolulement magnifique. 
Mon campement avec le glacier Holgate au fond.


Le lendemain, réveil sous la pluie. Le campeur du dimanche que je suis avait réussi à mal planter la tente et je me réveille avec de l'eau dans la tente, mes habits et mes duvets trempés, la journée commence bien. En plus, le bateau ne vient me chercher qu'à 4h de l'aprem. Tant qu'à être mouillé, je me dis que je ferais mieux d'aller naviguer, ça me réchauffera. Peu après mon départ, je revois une baleine et cette fois-ci, j'arrive à m'approcher assez près.


Impressionnant, surtout quand la bête se trouve à moins de 30 mètres de moi. Après ce bon petit divertissement, je me remets tranquillement en route. Alors que je faisais une pause, une baleine surgit à moins de 10 mètres de moi, magique. Comme la mer à cet endroit était assez houleuse, je n'essaye pas de la suivre et repars vers mon point de rendez-vous.
En chemin, je croise des formations rocheuses aux formes sympas.


J'arrive vers 2h30 sur la plage que je pense être le point de rendez-vous. Vu qu'il n'y a pas d'indications et qu'il y a beaucoup de plages, je ne suis pas sûr à 100% d'être au bon endroit mais j'ai un bon feeling. 4h, toujours pas de bateau. 4h15, toujours rien. Alors que je m'apprête à tenter de contacter le bateau par radio VHF, celui-ci fait son apparition et 2h plus tard, nous sommes de retour à Seward. Pas de camping cette fois-ci mais une auberge de jeunesse avec un bon lit (après 11 nuits sous la tente) et une bonne douche.
Je repars le lendemain pour Anchorage et le surlendemain, je décolle pour Mexico.
Au final, des randos (terrestres et marines) inoubliables. J'ai très envie de revenir en hiver, ça doit être  magnifique. Une belle surprise de ce séjour en Alaska aura été l'accueil très chaleureux des locaux qui m'ont invité plusieurs fois à prendre un verre, manger avec eux et qui m'auront emmené en stop partout.

mercredi 13 juin 2012

Alaska : Denali

Après cette escale canadienne, je réalise un rêve de longue date, aller en Alaska. Depuis la lecture des romans de Jack London, James Oliver Curwood et Bernard Clavel de papa quand j'étais adolescent, le grand nord que ce soit en Alaska ou au Canada me faisait rêver. Le film "Into the wild" plus tard a encore renforcé mon désir d'y aller. C'est tout excité que je débarque à Anchorage où je reste 2 jours le temps de planifier mes aventures. Je pars ensuite en stop pour le nord, direction le parc national Denali où se trouve mount McKinley (ou mount Denali pour les locaux), le point culminant des USA (6194 mètres). Je commence par le Kesugi Ridge Trail, 2 jours de rando le long d'une arête avec de très belles vues (en théorie) sur les montagnes. Dès le départ, je fais connaissance avec les moustiques, de taille impressionnante. Étant dans une région où les ours sont légion, je me suis équipé en conséquence. Comme je randonne seul, j'ai acheté une clochette pour faire du bruit et les prévenir de mon arrivée. Soyons honnête, je me sens comme le marchand de glaces dans son camion avec sa musique pour attirer les clients mais bon il paraît que c'est la bonne méthode, faisons confiance aux locaux. En cas d'agression par un ours, j'ai également un spray au poivre comme ceux qu'on trouve en Europe pour se protéger des agresseurs mais celui-là est pour grizzly. Tout équipé, je me mets donc en route au bord d'un lac. C'est là haut que je dois monter.


J'attaque ensuite la montée vers la crête sur un chemin visiblement peu fréquenté.
Paysage typique d'Alaska.


Le lac d'où je suis parti vu de la crête.


Et sur la crête, ça ressemble à ça. Peu de végétation et un peu de neige.


Après 5 heures de marche dont une bonne partie sous la pluie, j'établis mon campement près de Skinny Lake. Je n'ai vu personne aujourd'hui.


Le conseil grizzly fûté du jour : si vous faites de la rando en Alaska en été, laissez la frontale à la maison et prenez un masque pour les yeux parce que même à 1h du mat', il fait jour. Du coup, réveil à 4h pour un départ à 5h30 sous une pluie fine. Beaucoup d'arbres en travers du chemin ralentissent ma progression.
Oui le chemin passe par là.


Petite vidéo pour la route.


Le brouillard masque le paysage mais de temps en temps, ça de dégage brièvement, le temps de profiter du paysage.


Pour ne pas perdre le chemin, il y a des cairns mais je le perds plusieurs fois en traversant des névés dans le brouillard. C'est assez fun de passer en mode pisteur pour retrouver le chemin (ça me prendra 20 minutes une fois). Après 9h de marche, j'attaque la descente qui indique la fin du trek. Peu avant d'arriver à la route, je vois ça.


Elle est toute fraîche donc je ne traîne pas trop dans le coin. Une belle rando même si le mauvais temps ne m'a pas permis de profiter des montagnes environnantes. Je fais du stop pour aller à Healy un peu plus au nord où je passe la nuit.
Le lendemain, je pars pour le Stampede Trail qui mène au magic bus de "Into the wild". C'est parti pour 80 kilomètres de rando en solo dans la forêt. J'espère que je n'ai rien oublié parce qu'il y a plus de chances que je croise un ours qu'un humain. J'adore ce sentiment de liberté totale, matos de camping et bouffe pour 6 jours dans le sac à dos, je suis complètement indépendant. Le chemin est bien tracé mais inondé et soyons honnête, l'eau est franchement froide.


J'arrive à la Savage River que je traverse sans problème. Comme d'habitude, la pluie m'accompagne. Au bout de 4h de marche, j'arrive à la Teklanika River et comme on m'avait prévenu, le niveau de l'eau est très élevé.


C'est cette même rivière qui a empêché Christopher McCandless de revenir à la civilisation et l'a obligé à retourner à son bus où il mourut de faim. Ça me paraît vraiment trop risqué de traverser et ce d'autant plus que je suis tout seul. Je dois m'incliner devant la nature qui est la plus forte. On apprend plus de ses échecs que de ses succès. Je rêvais depuis très longtemps de visiter le bus mais ce rêve ne mérite pas que je risque ma vie pour l'assouvir (une randonneuse s'y est noyée en 2010). Je décide de rester là pour la nuit et plante ma tente au milieu des arbres.


Départ à 5h du mat', en sens inverse cette fois-ci. Je retraverse la Savage River dont le niveau a monté depuis la veille (j'ai vraiment bien fait de faire demi-tour). À cette heure matinale, la lumière est magique et les paysages exceptionnels.




Une petite vidéo pour la route.


La pluie se remet à tomber violemment alors que je vois le ciel bleu pas loin. Il devrait y avoir un arc-en-ciel pas loin. Je me retourne et en découvre un magnifique, comme une porte de sortie de ce trek qui me laissera un sentiment mitigé, déçu de ne pas avoir atteint le bus mais content d'avoir pris la bonne décision et d'avoir profité de paysages magnifiques ce matin.


Avec ce départ matinal, je suis de retour à la route tôt, ce qui me laisse assez de temps pour rentrer en stop à Anchorage (pas loin de 400 bornes quand même). Je retrouve les joies de la civilisation et notamment une bonne douche chaude après 4 jours de rando. Je m'accorde une journée à Anchorage avant de partir pour de nouvelles aventures dans le sud à la péninsule Kenai.